Les États-Unis eurent constaté la problématique française

  

Au XIXe, lorsque le physicien chimiste Nicolas Léonard Sadi Carnot permit aux États-Unis la révolution du train, les révolutionnaires hamiltoniens s’engagèrent dans une étude du meilleur et du pire des économies sociales connues de l’époque. Ainsi, voici une étude de Henry Charles Carey. Il étudia économiquement, historiquement et scientifiquement les sociétés du monde.

L’astronomie, pour se frayer sa voie, et arriver à la hauteur merveilleuse où nous la voyons aujourd’hui, n’a rencontré qu’une opposition momentanée de la part des écoles, par la raison qu’aucun individu n’était intéressé personnellement à continuer d’enseigner la révolution du soleil autour de la terre.

Pendant un certain temps les professeurs, laïques et spirituels, se montrèrent disposés à nier le mouvement de celle-ci ; mais le fait demeura prouvé et l’opposition cessa. Il en fut de même également lorsque la géologie enseigna, pour la première fois, que la terre existait depuis bien plus longtemps qu’on ne l’avait cru jusqu’alors. Les écoles qui représentaient le passé agirent alors ainsi qu’elles l’avaient fait du temps de Copernic et de Galilée, dénonçant comme hérétiques tons les individus qui mettaient en doute l’exactitude de la chronologie admise ; mais bien qu’il se soit écoulé peu de temps depuis cette époque, l’opposition a déjà disparu. Les Franklin, les Dalton, les Wollaston, les Berzelius, ont poursuivi leurs recherches sans redouter les attaques ; car il était peu probable que leurs découvertes dussent faire tort à la bourse des propriétaires de terres, des marchands ou des hommes d’État.

La science sociale, cependant, se trouve encore la plupart du temps entre les mains des hommes des écoles, et partout soutenue par ceux qui tirent profit de l’ignorance et de la faiblesse du peuple.

Les hommes qui occupent des chaires, en Autriche et en Russie, ne peuvent enseigner ce qui est défavorable aux droits divins des rois, ou favorable à l’accroissement de la puissance populaire. Les doctrines des écoles françaises varient de temps à autre, selon que le despotisme cède devant le peuple ou le peuple devant le despotisme. L’aristocratie territoriale de l’Angleterre s’est montrée satisfaite le jour où Malthus la convainquit que la pauvreté et la misère des classes populaires résultaient, nécessairement, d’une grande loi émanant d’un Créateur qui n’est que sagesse et bienveillance, et l’aristocratie industrielle n’est pas moins satisfaite lorsqu’elle voit établi (au moins le pense-t-elle) ce fait, que les intérêts généraux du pays doivent être favorisés par des mesures qui ont pour but la production d’une quantité abondante de travail à bon marché, c’est-à-dire mal rétribué.

Le système de l’union américaine étant fondé sur l’idée d’une égalité politique complète, nous serions peut-être autorisés à attendre de nos professeurs quelque chose de différent, sinon même de meilleur ; mais dans ce cas nous serions généralement désappointés. A quelques faibles exceptions près, nos professeurs enseignent la même science sociale que celle qui est enseignée à l’étranger par les hommes qui vivent de l’inculcation dans les esprits des droits divins de la royauté ; et ils démontrent que les individus doivent se gouverner par eux-mêmes à l’aide de livres où leurs élèves apprennent : que plus la tendance vers l’égalité augmente, plus augmente aussi la haine entre les diverses classes dont la société se compose. La science sociale, telle qu’on l’enseigne dans les colléges de l’Amérique du nord et de l’Europe, se trouve aujourd’hui au niveau de la chimie dans la première partie du siècle dernier, et elle demeurera telle, aussi longtemps que ceux qui l’enseignent continueront à ne regarder qu’au dedans d’eux-mêmes et à inventer des théories an lieu de porter leurs regards au dehors, sur le laboratoire de l’univers, pour rassembler des faits dans le but de découvrir des lois. En l’absence de ces lois, ils répètent constamment des phrases qui n’ont aucun sens réel et qui tendent, ainsi que Goëthe le dit avec tant de vérité, « à ossifier les organes de l’intelligence, » non-seulement d’eux-mêmes, mais encore de leurs auditeurs (22).

L’état dans lequel existe aujourd’hui la science sociale est celui que M. Comte appelle ordinairement l’état métaphysique, et elle continuera à y demeurer, jusqu’au jour où ceux qui l’enseignent ouvriront les yeux pour reconnaître ce fait, qu’il n’existe qu’un système de lois destiné à régir toute la matière, sous quelque forme que celle-ci se présente ; charbon de terre, arbre, cheval ou homme, et qu’il n’y a également qu’une manière d’en étudier toutes les divisions. « La feuille, dit un écrivain moderne, est à la plante ce qu’un petit monde est au vaste univers, la plante en miniature ; une loi commune les régit toutes deux, et conséquemment toutes les dispositions que nous trouvons dans les parties dont se compose la feuille, nous devons nous attendre à les retrouver dans les parties de la plante, et VICE VERSA. » Il en est de même de l’arbre de la science avec ses nombreuses branches ; ce qui est vrai de sa racine ne peut être qu’également vrai de ses feuilles et de son fruit. Les lois de la science physique sont également celles de la science sociale ; à chaque effort que nous tentons pour découvrir la première, nous ne faisons que nous frayer la route pour découvrir la dernière. « Les générations successives de l’espèce humaine, dit Pascal, à travers le cours des âges, doivent être regardées comme un seul homme, vivant toujours et apprenant sans cesse. » Et parmi les hommes qui ont le plus largement contribué à la fondation d’une véritable science sociale, il faut ranger les maîtres éminents auxquels nous avons de si grandes obligations pour le merveilleux développement de la physique, de la chimie et de la physiologie dans les siècles passés et de nos jours.

L’homme moderne est donc celui qui possède le plus de cette connaissance des actes sociaux, nécessaire pour comprendre les causes des effets si variés enregistrés dans les pages de l’histoire, et pour prédire ceux qui résulteront dans l’avenir des causes existant aujourd’hui. L’homme des premiers âges du monde ne possédait guère de la science que l’instrument nécessaire pour l’acquérir, et ce qu’il en acquérait était d’un caractère purement physique et très-limité dans ses proportions. L’homme de nos jours n’est pas seulement en possession de la science physique, et dans une proportion prodigieuse si on la compare à celle qui existait il y a un siècle ; mais il y a ajouté les sciences chimique et physiologique qui, alors, étaient à peine connues, et il a prouvé que les lois qui régissent les premières et en même temps les plus abstraites, sont également celles qui régissent les sciences plus concrètes et spéciales. Si donc cette idée de Pascal est vraie, que nous devons considérer la succession indéfinie des générations humaines comme un seul homme, ne doit-il pas arriver que les lois de toutes les branches les plus anciennes et les plus abstraites de la science se trouvent également vraies, en ce qui concerne la science éminemment concrète et spéciale qui embrasse les rapports de l’homme en société ; et qu’en conséquence, il sera démontré que toutes les sciences n’en forment qu’une seule dont les parties diffèrent, comme les couleurs du spectre solaire, mais produisant ainsi que le rayon du soleil, lorsqu’on ne l’a pas décomposé, une seule lumière blanche et éclatante.

Selon Henry Charles Carey

Henry Charles CareyHenry Charles Carey

https://www.youtube.com/watch?v=ldGs2lgW_tM

http://www.fidelitemayenne.fr/-Reecoute-

Livres aux éditions LIBERLOG :

http://www.liberlog.fr/Livres-Libraires-ELECTRE

https://archive.org/search.php?query=p%C3%A8re%20henry%20carey

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